Intégriste de l’humour

22 décembre 2008

Ayant reçu une éducation clairement athée, et grandi dans un petit village sans histoire, je n’ai jamais parlé de Dieu avant le lycée. Pour autant, je n’ai jamais renié la spiritualité, c’est à dire la faculté de l’esprit humain à imaginer l’univers entier, sans être en mesure de le percevoir de manière concrète. On peut échapper à la religion, mais on n’échappe pas au principe de croyance, fortement ancré dans notre culture. Chez moi, n’ayant pas de valeur sacrée à laquelle se rattacher, elle s’est manifestée par de la simple superstition. Je me rappelle avoir marqué chaque soir de mes mains le miroir tout embué de la douche, pour qu’il ne m’arrive rien de mauvais de lendemain. Je n’ai jamais compris pourquoi je faisais ça, mais il le fallait. Une nécessité de se rassurer, de pallier à la faiblesse psychologique. C’est essentiellement à ça que sert la croyance. Quand j’ai découvert, dix années plus tard, des traces de mains semblables aux miennes sur les parois des grottes préhistoriques, je me suis dit que ces hommes devaient avoir la même faiblesse que moi, et avaient trouvé le même moyen de se rassurer.

Mais chez un enfant qui reçoit une éducation religieuse, la spiritualité ne se développe pas de la même façon. La religion apporte à cette spiritualité une signification et un ordre social. Les trois religions du livre se basent sur un principe de Dieu unique et créateur de l’univers, qui communique avec certains hommes, les prophètes, qui sont à leur tour chargés de relayer sa parole.

Le fait d’avoir ignoré cela pendant mon enfance me permet aujourd’hui d’établir ce qui constitue l’essence de mon agnosticisme. Beaucoup d’occidentaux, par opposition à l’ordre religieux, abandonnent toute moralité (la faculté à distinguer le bien du mal) et rejettent tout ce qui dépasse leur perception immédiate. Ils deviennent matérialistes et athées, mais fabriquent d’autres valeurs sacrées que celles que leur propose la religion. La démocratie, par exemple, est souvent devenue valeur sacrée en occident, impossible à critiquer, comme si c’était le système politique parfait, à l’heure où justement plus personne n’y croit. Curieux paradoxe.

Cette faculté qu’ont les humains à sacraliser (ou diaboliser, même chose à l’envers) certaines valeurs, est parfaitement commune aux croyants et aux athées, et est à la base de toutes les intolérances. Ce sont des concepts figés, qui ne peuvent plus être remis en question, et qui deviennent « intouchables ». Chez beaucoup par exemple, la famille (ou la figure maternelle) est une valeur sacrée. On se doit d’aimer, de respecter et de défendre l’être qui nous a mis au monde, sans aucune raison particulière. Chez certains, le pays est une valeur sacrée : on y est né, donc on se doit de le respecter et de le défendre, sans aucune raison non plus. À l’inverse, les gens diabolisent certaines figures. Hitler, par exemple, constitue un Satan moderne dont on se servira allègrement pour tout jugement dépréciatif.

Je lutte donc constamment contre toute tendance à la sacralisation, ou à la diabolisation. Et souvent, je me heurte à de l’incompréhension. Pourtant, je n’ai jamais dit que j’approuvais les actes d’Hitler, et je n’ai jamais dit non plus qu’on devait être ingrat envers sa mère. J’établis simplement de la nuance. Ce relativisme qui aurait évité à Zidane de rater son dernier match, ou qui aurait évité à Dieudonné d’être taxé d’antisémite.

Mais pourtant, j’ai moi aussi une valeur sacrée : l’humour. Pour moi, l’humour ne peut pas être mauvais, il est intouchable, et tout peut-être dit en son nom (le fameux « Oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout » de Pierre Desproges). Je me retrouve ainsi piégé à mon propre jeu.

Je ne suis pas un être amoral, j’ai fixé des choses à faire et d’autres à éviter, ainsi qu’une faculté de jugement, mais contrairement aux croyants, mon ordre moral ne puise pas sa source dans un texte sacré, il n’est pas figé et évolue au fil du temps. Il s’articule cependant autour de certaines bases, comme l’humanisme, le pacifisme, et le cosmopolitisme.

C’est pourquoi j’ai toujours eu du mal à supporter l’intégrisme. Pourtant, les intégristes ne sont pas vraiment différents des autres gens. Ils ont simplement établi un système, politique ou religieux, comme valeur sacrée. Rien d’autre. Ils peuvent être cultivés ou ignorants, riches ou pauvres, religieux ou athées. J’en rencontre de plus en plus au fil des années. Est-ce par simple découverte, ou sont-ils réellement plus nombreux en ce début de XXIe siècle ?

Vous trouverez ici un blog d’intégristes catholiques.  un blog islamophobe. Et par là un forum d’intégristes musulmans. Enfin ici et des sites remplis de sionistes.

Vivre en démocratie, c’est aussi vivre avec ces gens-là.

Face à ce genre de personnes, je me retrouve, par un mécanisme d’opposition, nettement athée et anticlérical. Pourtant, si l’on regarde mes principes de vie, on s’aperçoit qu’ils sont assez proches des intégristes : je ne prends aucune substance psychotrope (café, alcool, cigarette, drogue…), je ne suis pas libertin mais au contraire clairement monogame et fidèle…

Je pourrais trouver un tas de raisons qui m’évitent de toucher au combo clopes/alcool/café, déjà que je n’en aime pas le goût, mais aussi que ça coûte cher, que j’ai une forte tendance à l’addiction et que donc je n’ai pas les moyens d’en devenir dépendant. Mais la raison est bien plus profonde. J’évite les substances psychotropes tout simplement parce que j’ai une peur bleue d’altérer ma personnalité et mon identité. Et de même pour la monogamie et la fidélité, c’est une unique question de respect de la personne avec qui on vit, car j’estime que donner son corps à quelqu’un ce n’est pas « rien ».

Cependant, la nuance est toujours présente : ce ne sont pas des interdits que je m’impose (je peux boire du café, je ne vais pas en mourir…), mais des préférences personnelles. Je n’oblige personne à les respecter. Je me suis déjà bien bourré la gueule, j’ai déjà dragué plusieurs filles en même temps, simplement je n’ai pas aimé ça. Je me suis dit que je ne voulais pas vivre comme ça pour le moment, mais ça peut très bien changer.

Petit bout de réflexion mais grand moment de solitude : balancé entre une pensée anticonformiste et un mode de vie assez ordonné, je me retrouve opposé à toutes les communautés. Avec l’humour comme seule valeur absolue, défendue en ces termes par mon éternel prophète Pierre Desproges :

S’il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir, s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout.

Truth Table

20 décembre 2008

J’ai retrouvé ce projet dans le fond du disque dur. Réalisé comme vidéo de fin d’année pour l’École Supérieure de l’Image, ce film a demandé 2h de tournage (à l’arrache, une caméra pourrie, pas de pied, pas d’éclairage, pas de prise de son directe), et donc évidemment 3 jours de montage et de post-production. Merci encore aux trois acteurs qui ont accepté de tourner tout en étant recrutés la veille du tournage.

J’ai un peu retravaillé le tout pour que ça soit présentable, notamment au niveau du son qui était vraiment dégueulasse sur la première version.

Synopsis :
Martial, dealer de bas étage, est en passe de réaliser une affaire avec Yuri « Bad Motherfucker » et Eduardo, les dealers les plus réputés de la région. Tout semble se passer normalement, mais Yuri flaire une entourloupe…

Casting :
Martial – Jérôme Delga
Yuri – Vladimir An
Eduardo – Serge Tapsoba

TRUTH TABLE – HAUTE QUALITÉ (180Mo)

Cliquez sur l’image pour voir la vidéo.

Truth Table - 2006 - © Bidule200.com

Truth Table - 2006 - © Bidule200.com

Why so serious ?

4 décembre 2008


La nouvelle devise du Joker pourrait bien s’appliquer à notre ami Vincent…

Un exposé

5 novembre 2008
Cours de Moinereau

La prof qui note tout bien ^^

Oui, elles avaient l’air de se faire encore plus chier que nous… un peu de passion, que diable, surtout avec un sujet sur Almodovar !

Petit croquis

5 novembre 2008
Pendant ce temps, en cours d\'esthétique du théâtre...

Pendant ce temps, en cours d'esthétique du théâtre...

Reste à savoir si dessiner en cours, c’est bien ou c’est pas bien… :confused_wp:

Un petit dessin pour la route

1 novembre 2008

 

Un brainstorming sur le prochain court-métrage...

Brainstorming sur le prochain court-métrage...

Je sais, en tant que futur graphiste, je suis censé en faire 15 par jour, mais que voulez-vous, j’ai perdu l’habitude du stylo-feuille… À bien y réfléchir, depuis l’apparition d’internet, je ne crée plus grand-chose. Il y a tellement de contenu à explorer qu’on en perd le temps de créer. Paradoxalement, si l’on veut proposer du contenu régulièrement sur internet il faut… soi-même se couper d’internet. Faudrait faire une cure de désintox, un peu comme la génération précédente avec la télévision.

PS. Pas facile le crobard au stylo Bic…

Festival d’Avignon 2008

31 juillet 2008

Petit compte-rendu du Festival d’Avignon que j’ai couvert en tant que critique pour le journal La Marseillaise.

Première chose à constater, il y a beaucoup de merdes parmi les 1000 spectacles du Off, à tel point qu’il en devient difficile de faire une sélection pour les trois semaines de représentation. On commence par éliminer ceux qui sont grillés d’avance, comme Va-t’en chialer ailleurs salope 3 Arrête de pleurer Pénélope 2 – La Suite ! (non, je n’invente pas le titre, et eux-même n’ont pas dû inventer grand-chose…) ou encore L’Évangile de la Grâce selon Saint-Luc (joué dans la Chapelle de l’Oratoire par mademoiselle Lucile Vignon, en y repensant ça aurait bien mérité de débarquer en plein milieu de sa messe représentation avec une guitare électrique, histoire de tester l’acoustique :P :twisted_wp: ).

Comme c’est ma « première fois » en tant que critique (enfin, critique publié, sérieux quoi), j’ai trouvé plus intéressant de sélectionner en priorité des compagnies jeunes, qui débutent, et/ou des spectacles engagés tant dans leur thème (politique) que dans leur forme (rapprochement avec le cinéma par exemple). Au final, je m’en suis pas trop mal sorti, la plupart étaient très sympa. Les voici par ordre de préférence, avec un système de notation personnel qui n’apparaît pas dans le journal.

Histoire du communisme racontée pour des malades mentaux 9/10

Ars 9/10

Gérard Miller 8/10

Le Cercle de craie 8/10

OHNE 7/10

Le testament de Zorro 7/10

Anarchie en Bavière 7/10

1984 – Big Brother vous regarde 6/10

Cannibale 6/10

On l’appelait Front Populaire 5/10

 

Je vous explique brièvement le barème :

1 = Tout est à chier, on perd son temps ! :evil_wp:

2 = Globalement raté, à oublier vite :?:

3 = Raté avec de rares bonnes choses :|

4 = Pas terrible, mais on ne s’ennuie pas :?

5 = Sentiment mitigé, entre raté et réussi :rolleyes_wp:

6 = Réussi de justesse :!:

7 = Réussi, avec quelques imperfections ;)

8 = Globalement réussi, très bon 8)

9 = Qui nous marque pour longtemps :redface_wp:

10 = La perfection n’existe pas (ou du moins, je ne l’ai pas encore croisée au théâtre) :P

Bidule200.com version 4.0

28 juillet 2008

Aujourd’hui débute officiellement la version 4.0 du site. :-)

On garde un style visuel Apple, mais fini la grosse frame de menu, place à quelque chose de plus sobre. Le site internet devient peu à peu blog, et là encore on change de technologie, le petit Dotclear laissant sa place au géant du blogging, j’ai nommé Wordpress. Ce dernier est plus complet, plus flexible, sa grande base d’utilisateurs permet d’avoir plus de support en cas de problème, et de nombreux développeurs s’y intéressent aujourd’hui, ce qui donne accès à des plugins ou même un logiciel pour blogger depuis son iPhone. Le bonheur. (

Le flux RSS est toujours disponible en bas à droite, pensez à mettre à jour vos favoris.

Définition

19 avril 2008

CracotillerVerbe intransitif. Action consistant à vagabonder nonchalammant dans la cuisine (ou tout autre lieu possédant un frigidaire bien garni) entre 1h et 5h du matin, pour se préparer divers tartines à base de biscotte, pain, et autres produits croustillants, provoquant ainsi le réveil haineux et affamé de ses proches. Se transmet visiblement de mère en fils, ne semble pas contagieux. Voir cracotilleur, personne souffrant de cracotillage chronique aigu. Ces personnes n’ont souvent qu’un léger embonpoint comme seul symptôme visible, et ne sont pas considérées comme dangereuses pour leur entourage. Néanmoins, le cracotillage est souvent très mal perçu dans la majorité des civilisations occidentales, pourtant seules responsables de la surconsommation.

Sushi Master

5 mars 2008

Un Geek qui cuisine, mais quelle drôle d’idée ! ( 

Jusqu’à ce jour, mon régime alimentaire était exclusivement constitué de concentrés, poudres, et conserves instantanés aux arômes de synthèse divers et variés, entrecoupés de quelques cantines au Restaurant Universitaire et du plat traditionnel des jours de fête, le fameux pâtes-œufs-lardons-crème fraiche. 

C’est alors que, sortant de tant d’années de malbouffe dans un effort qui continue à en surprendre plus d’un deux ou trois, je commence à cuisiner quelque chose qui a de la gueule. 

Sont-ce les quelques précurseurs comme M. Poulpe de Mange Mon Geek qui feront naître cet élan culinaire insoupçonné dans la vie d’un tel homo sapiens geekus ? Nul ne saurait en être sûr. 

En tout cas, on peut constater après trois essais que le résultat flatte la rétine. Les amateurs de poisson cru et de sauce soja n’ont qu’à bien se tenir, je vous envoie la recette contre douze jeunes vierges bien fraiches et une enveloppe pré-timbrée pour la réponse :-P . 

Itadakimasu !